Créole mauricien
Informations générales
Le créole mauricien (CM) est un créole à base française parlé à l’Ile Maurice, située dans l’Océan Indien. Ancienne colonie française, puis britannique, puis indépendante en 1968, l’Ile Maurice a vu naître sur son sol une société pluriethnique et multiculturelle. Les sociologues et statisticiens avaient pour habitude auparavant de répartir la population mauricienne en quatre catégories : la « communauté hindoue », la « communauté musulmane », la « communauté sino-mauricienne » et celle de la « population générale », vague concept sous lequel on regroupait toutes les personnes n’entrant pas dans les trois premières catégories. Mais depuis les années 80, le critère de « communauté » a été supprimé dans les recensements sur la population. Du fait de cette richesse sociale du pays, la situation sociolinguistique à Maurice est fort complexe. Il existe sur l’île une douzaine de langues qui sont d’importance et de nature très différentes. On peut faire la distinction entre deux groupes :
- un groupe de langues « supra-communautaires », accessibles à tous : l’anglais, le français et le créole ;
- un groupe de langues « intra-communautaires », dont la propagation se limite, à de rares exceptions près, aux groupes respectifs : bhojpouri, hindi, ourdou, marathi, télégou, tamil, goujerati, kutchi, sindhi (langues indiennes) ; hakka et cantonnais (langues chinoises).
Généralement, on considère qu’il existe une situation de diglossie créole-français avec le français comme variété « haute » et le créole comme variété « basse », alors que l’anglais, langue quasi-officielle de facto (de par son utilisation à l’Assemblée nationale, dans le judiciaire, l’éducation, les communications formelles de l’État, l’audiovisuel) passe plutôt pour langue neutre.
Pendant la période de colonisation française, le français fut l’unique langue des communications prestigieuses. Il a acquis, dès cette période, des valeurs emblématiques ambiguës puisqu’il est tout à la fois associé au prestige des colons et à l’esclavagisme blanc. Langue maternelle des Franco-Mauriciens et d’une partie des « gens de couleur », c’est la langue la plus présente dans les médias de masse. Ainsi 80% des journaux sont publiés en français. Dans le domaine de la publicité également, le français est dominant, bien qu’il y ait une récente tendance à utiliser le créole de plus en plus. Le français est perçu à Maurice comme la langue de culture et de prestige, la langue d’embourgeoisement, celle de la mobilité sociale. Si ces spécificités sont souvent davantage une perception qu’une réalité, il est vrai que la maîtrise de cette langue constitue parfois un capital permettant d’ouvrir plus facilement certaines portes sociales ou, au contraire, une arme d’exclusion ou de domination sociale.
Pour ce qui est du créole, c’est la langue usuelle, parlée par la majorité des Mauriciens et dont l’utilisation dans les foyers ne cesse de croître. Une grande majorité des Mauriciens disent parler créole chez eux et l’utiliser comme première langue. Concernant son statut, il faut savoir que durant la période de colonisation française, le créole fut associé à la communication des populations serviles ; de ce lien ont émergé un certain nombre de significations symboliques, toujours d’actualité. Il connaît de nombreux préjugés bien enracinés qui lui contestent le droit d’être une langue à part entière. Ces préjugés n’ont toutefois rien de spécifiquement mauricien, mais se retrouvent dans tous les autres territoires créolophones. Occupant déjà la position de variété basse dans la diglossie créole-français, il est de surcroît encore dénigré de nos jours malgré son avancée, notamment dans le monde éducatif.
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